Le latin - U latinu
L'alphabet, la prononciation, l'accent tonique


L'alphabet et la prononciation du latin
L'accent tonique et l'étymologie


L'alphabet et la prononciation du latin

L'alphabet latin a été emprunté aux Etrusques qui eux-mêmes le tenaient des Grecs (pour l'histoire, l'alphabet grec a lui-même été emprunté aux Phéniciens). On constate donc que depuis toujours chacun a emprunté à ses prédécesseurs et a ensuite adapté son système d'écriture à ses propres besoins. L'écriture a pour objectif premier de transcrire l'oral pour en permettre la lecture. Il est donc normal qu'une langue, forcément en évolution, cherche à adapter son système de transcription. Le G, par exemple, a été formé à partir de C pour noter un son qui n'existait pas en étrusque. Cependant, la graphie est restée stable jusqu'à la fin de l'Antiquité et même au delà, alors que la prononciation a considérablement évolué. Il arrive fatalement un moment où la graphie ne correspond plus parfaitement à la langue parlée (ceci dit, c'est le cas du français, et on s'en accomode depuis des générations).

L'alphabet latin a lui-même évolué au cours du temps. Du temps de Cicéron, il comprenait 21 lettres (3 voyelles, une semi-voyelle, une semi-consonne et 16 consonnes) :

A B C D E F G H I K L M N O P Q R S T V X
a b c d e f g h i k l m n o p q r s t u x

A partir du Ier siècle avant J.-C., on ajouta Y et Z (empruntées au grec) pour écrire les mots étrangers (grec surtout).

Les lettres K, Y et Z sont rares et ne se rencontrent dans les mots d'origine grecque.

I et V étaient considérées parfois comme une voyelle, parfois comme une consonne. La même lettre pouvait parfois être écrite deux fois successivement, une fois en tant que voyelle, l'autre en tant que consonne (SERVVS = seruus, IVVENIS = iuuenis)

Les lettres J et U ont été inventées plus tard (au moyen-âge) pour résoudre ce problème (SERVUS et JUVENIS) :

- la lettre J afin de la distinguer du I :
- le I (voyelle) est conservé devant une consonne.
- le J (consonne) est utilisé devant une voyelle : IAM devient JAM.
- la lettre U afin de la distinguer du V :
- le U (voyelle) est utilisé devant une consonne pour avoir le son [u] : VRBS = urbs devient URBS = urbs
- le V (consonne) est conservé devant une voyelle pour avoir le son [u] : VITA = uita reste VITA = vita
A B C D E F G H I J K L M N O P Q R S T U V X Y Z
a b c d e f g h i j k l m n o p q r s t u v x y z

Notons que le latin ne connaît pas les sons J du français (jouer [ʒu'e]) ou du corse (casgiu [k'aʒu]) et V du français (vouer [vu'e]) ou du corse du sud (vacca [v'akka]).

A l'arrivée, c'est l'alphabet français à l'exception du W.

Il faut noter que ces lettres servent de base à l' Alphabet Phonétique International (voir API) avec très souvent la même prononciation qu'elles avaient en latin.
En latin, toutes les lettres se prononcent (comme en corse) et toujours de la même façon (c'est là une grande différence avec le corse).

Le latin ne connait aucun signe d'accentuation.

Les voyelles peuvent être longues (notées ā, ē, ī, ō, ū dans les dictionnaires) ou brèves (notées ă, ĕ, ĭ, ŏ, ŭ).

Voyelle brève longue Son en API Equivalent français
a amat (il aime) amas (tu aimes) [a] - [a:] arme / âtre
e 1 legit (il lit) legit (il a lu) [e] - [e:] / [ɛ:] été / être
i videt (il voit) vidit (il a vu) [i] - [i:] iris
o 2 populus (le peuple) populus (le peuplier) [o] - [ɔ:] opéra / faute
u senatus (le sénat) [u] - [u:] route
y lysis (la moulure) Lysis (c'est un prénom) [y] - [y:] lune

1 le e se prononce toujours [e] comme dans été quand il est bref.
2 le o se prononce toujours [o] comme dans opéra quand il est bref, et [ɔ:] comme dans faute quand il est long.


Une diphtongue vaut une voyelle longue :

au [au] est devenu [o:] (quoique celle-ci se soit maintenue fort tard en diphtongue, jusqu'aux origines du français),

ae [aɛ], -oe [oɛ] sont devenus [ɛ:].

Quant aux consonnes :

Rappelons que le latin ne connaît pas les sons J (jouer) et V (vouer) du français

Consonne Exemple Son en API Equivalent français
b barba (barbe) [b] bonté
c Cicero (Cicéron) [k] - [kikero] cadeau
ch pulcher (beau) [pulkɛr] cadeau
d dea (déesse) [d] don
f femina (femme) [f] fou
g 1 gula (gueule) [g] gui
h 2   [-] hectare
j jam (déjà) [j] - [jam] iode
l luna (lune) [l] lune
m mater (mère) [m] mère
n bene (bien) [n] noix
p pax (paix) [p] pire
r rosa (rose) [r] rose
s 3 rosa (rose) [s]- [rosa] sable
t terra (terre) [t] table
v dives (riche) [w] - [diwɛs] ouate
x pax (paix) [ks] - [paks] taxi 4
z zona (ceinture) [ʦ,ʣ,z] zone
qu 5 qui (qui) [kʷ] / [kw] aquatique
gu sanguis (sang) [gʷ] / [gw] jaguar

1 : gn se prononce comme deux lettres g puis n (pugna (combat) [pugna]) et non comme en français dans agneau [anj'o] / [aɲ'o] ou en corse dans agnellu [ãɲ'ellu] / [ãnj'ellu].
2 : le h est aspiré en début de mot. Il sert surtout à séparer deux voyelles pour éviter le hiatus (nihil).
3 : le s intervocalique se prononce quand même s, et non z !
4 : le q est toujours employé suivi de u.
5 : et non pas exact [ɛgz'act].


L'accent tonique

Le latin est une langue à accent tonique (comme le corse ou l'italien).

La voyelle

Chaque voyelle a une quantité : elle est brève ou longue selon qu'elle se prononce rapidement ou lentement.
Dans les dictionnaires (beaucoup), il arrive que la quantité des voyelles soit indiquée : une voyelle brève est notée ă, ĕ, ĭ, ŏ, ŭ tandis qu'une voyelle longue est notée ā, ē, ī, ō, ū.
Quelques règles permettent de savoir quelle est la quantité d'une voyelle :

Une voyelle suivie d'une autre voyelle (en hiatus) ou d'un h est généralement brève : DEA.
Une voyelle suivie de deux consonnes ou d'un x est généralement longue : PAX.
Une diphtongue est toujours longue.

La syllabe

Une syllabe est fermée lorsqu'elle se termine par une consonne : BER, GEN, TREM. La voyelle est alors dite entravée.
Une syllabe est ouverte lorsqu'elle se termine par une voyelle : BE, GE, PA.

Une syllabe est longue :

Lorsqu'elle est fermée,
Lorsqu'elle est ouverte et contient une voyelle longue ou une diphtongue.

Une syllabe est brève lorsqu'elle est ouverte et contient une voyelle brève.

L'accent tonique

Pour savoir où est située la syllabe accentuée (celle qui porte l'accent tonique) dans un mot latin :

Les monosyllabes sont accentués sauf les prépositions et les conjonctions : REM, COR.
Dans les mots de deux syllabes, c'est la première qui est accentuée : MURU, PATER, FLORE, FACTU.
Une diphtongue compte pour une seule syllabe : CAELU = CAE-LU.
Dans les mots de plus de deux syllabes, l'accent est sur l'avant-dernière si elle est longue : ARGENTU, CANTARE, VENIRE, CANTATUS, BONITATE ; sinon il porte sur l'antépénultième : FACERE. Dans le cas où l'avant-dernière syllabe est ouverte avec voyelle en hiatus avec une autre voyelle, c'est donc l'antépénultième syllabe aui porte l'accent tonique : GAUDIA, LANCEA (1er A dans les deux cas).

La seule difficulté est donc rencontrée pour les mots de plus de deux syllabes dont l'avant-dernière syllabe est ouverte, car alors il faut connaître la quantité de voyelle de cette syllabe. Il existe quelques constantes : les infinitifs en -ARE, -IRE, les participes passés en -ATUS, les substantifs en -TATEM ont leur voyelle A ou I longue.

L'étymologie

Pour indiquer qu'un mot français vient d'un mot latin, on note : capra > chèvre, ou boeuf < bōs, bŏvis.

De même pour le corse : capra > capra, ou boie < bōs, bŏvis.

C'est tout un art de comprendre les chemins linguistiques qui ont conduit de hospĭta à hôtesse ou de caballus à cheval ; dans ce dernier cas, le corse donne cavallu, ce qui est plus facile à expliquer.