Voir les exercices.
Il faut distinguer (norme communément admise à l'heure actuelle) :
e : article défini (féminin pluriel) = les | Aghju chjappu e capre | j'ai attrapé les chèvres |
è : conjonction de coordination = et | Pàulu è Petru | Paul et Pierre |
hè = il est | Hè malatu | il est malade |
Il faut noter que certains auteurs voudraient voir modifiée cette écriture
introduite par Marchetti et Geronimi
au début des années 1970 (dont Marchetti
lui-même
).
Il est vrai que le h de hè
a été introduit arbitrairement (sans raison étymologique)
pour deux raisons : une analogie avec le verbe avè
(voir A, à ou hà ?),
et afin de ne pas confondre 'et' et
'il
est'
.
Ils proposent d'écrire la conjonction de coordination 'et'
comme l'article défini e,
et de remplacer l'écriture de hè
par è. On voit d'ailleurs
certains textes écrits ainsi.
D'autres auteurs réfutent ces arguments et ont trouvé des exemples
où il était possible de confondre l'article défini e
et la conjonction de coordination è
(peut-être pour se conformer à l'Italien ?). Cette dernière
est toujours suivie par une mutante sourde et l'accent se trouve ainsi justifié.
Supprimer l'accent de è
paraitrait bizzare dans la mesure où l'on constate que même les
mots non accentués sur la syllabe finale ne donnant pas lieu à
la mutation consonnatique sont souvent modifiés pour faire apparaître
un tel accent (cume -> cum'è,
quante -> quant'è,...).
Le débat n'est pas clos, mais la stratégie du statu quo
semble l'emporter, d'autant que certains (comme Perfettini),
même s'il contestent le bien fondé de l'écriture actuelle,
considèrent qu'elle est presque rentrée dans les moeurs et qu'il
convient de laisser faire les choses naturellement.
Remarque : après, hè et è, la consonne mutante ne subit pas la mutation. Par contre il y a mutation après e (justification a posteriori des accents !).
Pàulu è Petru | [p'aulu ɛpp'edru] |
Pàulu hè cascatu | [p'aulu ɛkkask'adu] |
Pàrlanu e donne | [p'arlãnu ɛ'onnɛ] |
E canti e canzone ? | [ɛg'ãnti ɛgãnts'ɔnɛ] |
Remarque de grammaire dans (dans lequel est utilisée l'ancienne graphie é) : on a proposé d'écrire hè à la 3ème personne du présent de l'indicatif, pour mieux le différencier de è conjonction et de e article ou pronom (les).
Parfois è
devient ed par phénomène
d'euphonie devant une voyelle. C'est le même phénomène qu'en
Français quand on intercale un t entre deux voyelles
: comment va il et que mange il ? -->
comment
va-t-il et que mange-t-il ?
.
Exemples :
è tira è tira ed hè strappatu : à force de tirer il s'est cassé.
eiu ed ellu simu andati in paese : lui et moi sommes allés au village.
Le même phénomène d'euphonie existe pour la préposition à .
Contrairement au Français
(on ne dit pas 'moi et Paul' mais 'Paul et moi'), le Corse peut se citer d'abord
lors d'une énumération. C'est un choix tout aussi arbitraire que
celui fait par le français et sans aucune connotation de politesse ou
de savoir-vivre.