En corse, toutes les voyelles se prononcent, à l'exception de quelques cas très bien définis * et il n'y a pas de muettes (comme le e final de école en français). De plus, il n'y a pas non plus de groupements de voyelles formant un autre phonème (comme en français oi, au, ei, ai, eau, eu, ou ...) : les voyelles se prononcent séparément .
Tableau récapitulatif
Voyelles nasalisées
Deux voyelles consécutives : hiatus ou diphtongue ?
Voir aussi La prononciation des consonnes et l' écriture phonétique internationale API .
* : sauf le i qui est utilisé pour assurer devant a, o et u : | |
- le son
[ʃ]
après sc (sciarpa
[ʃ'arpa]), - le son [ʒ] après sg (brisgiolu [briʒ'olu]), - le son [ʧ] après c (ciocciu [ʧ'oʧu]), - le son [ʤ] après g (giallu [ʤ'allu]). |
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voir La prononciation des consonnes. | |
Sauf également le i qui se situe au début de certains mots : voir Le i à l'initiale d'un mot. |
La nasalisation est un phénomène que connaissent assez peu de langues européennes : il consiste à prononcer dans un même son la voyelle et la consonne (n, m ou gn - n mouillé). Le son résultant n'est plus la superposition de celui de la voyelle et de la consonne : par exemple, on a en français, an (qui se transcrit [ã] dans l' écriture phonétique internationale API ), en ([ã]) ou on ([ɔ̃]). Cette nasalisation peut être plus ou moins prononcée : la graphie an pourra être tatalement nasalisée comme en français dans divan, ou pas du tout comme en italien dans arancio [aran'ʧo] (comme le français âne). Tous les cas intermédiaires sont possibles.
En corse, certaines voyelles sont prononcées nasalisées
devant les consonnes nasales n et m (ou gn
qui est un n "mouillé").
La différence avec le français est que la consonne nasalisée
est très légèrement prononcée en corse. On est donc
dans un cas intermédiaire signalé plus haut.
C'est un processus très complexe que seule la pratique peut permettre
de maîtriser. A ce sujet, voir
.
exemple : pane se prononce [p'ãnɛ]
et non [p'anɛ].
De même, cane se prononce [k'ãnɛ].
Voici quelques extraits (parfois contradictoires) sur la question :
Extrait de |
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I) AN. EN. IN. ON. UN. AM. EM. IM. OM. UM.
II) I NASÒGNULI (les nasales) |
Extrait de . Leçon IV : "les voyelles nasales" |
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I - GÉNÉRALITÉS.
II - PRONONCIATION DES VOYELLES NASALES.
III - CAS PARTICULIER .
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Extrait de |
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A : Cette
lettre correspond exclusivement au son a du français.
Le son a, plus ou moins ouvert, peut être oral
(comme dans las, bras....) ou nasalisé (comme dans rang, vent ou
ambre.)
Le a ne peut jamais en corse être associé
à une autre voyelle pour former un autre son que a
(à la différence du français ai
de laid ou au de saut).
E : Cette voyelle n'est jamais
muette en Corse. Elle se nasalise quand elle est suivie :
Attention : quand il est nasalisé le e donne un son semblable au in ou au ain de fin ou pain. I : Ce son très fermé, n'est jamais nasalisé. Il reste oral même quand il est suivi d'un m ou d'un n, c'est-à-dire que dans des mots comme fintu, lindu, vinti... On doit entendre distinctement le i et le n. Attention : quand on veut écrire le son français in ou ain, c'est un e suivi d'un m, d'un gn ou d'un n qu'il faut utiliser ; nous aurons donc ventu, penta, dente...
O : Cette lettre sert uniquement
à transcrire les sons o, fermé ou ouvert
de sot et sotte. En corse aussi il peut
être ouvert ou fermé.
Attention : le son o, ouvert ou fermé, ne peut jamais en corse être écrit au ou eau.
U : Il doit toujours être
prononcé comme le ou de chou.
Le son u de lutte n'existe pas en corse.
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Extrait de |
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Règle : Les groupes formés
d'une voyelle suivie de n ou m se nasalisent
légèrement devant une consonne : ombra
- tempu - lindu. Remarque : Pas de nasalisation en cas de redoublement du n ou du m. Exemple : mamma [ma-mma] - donna [do-nna]**.
* : la syllabe accentuée
est notée ici par un - qui suit cette syllabe. |
Voyelle | Quand ? | Exemple | Le même son en français ... |
a est nasalisé | - quand il est suivi de m+consonne | amparà [ãmpar'a] | entre ampoule et emmener |
- quand il est suivi de gn | agnellu [ãɲ'ellu] | ||
castagna [kast'ãɲa]=[kast'ãnja] | |||
- quand il est suivi de
n
![]() |
pane [p'ãnɛ],
sanou [s'ãnu] panni [p'anni] |
antenne |
|
e est nasalisé | - quand il est suivi de m+consonne | empie ['ɛ̃mpjɛ] | même |
- quand il est suivi de gn | spegnà [spɛ̃nj'a] | ||
- quand il est suivi de
n
![]() |
pena [p'ɛ̃na],
pienghje [pj'ɛ̃ndjɛ] penna [p'ɛnna] |
peine |
|
|
Le
i n'est jamais nasalisé ! Il reste oral même suivi de n ou de m. On doit alors distinctement entendre le i et le n/m. |
||
pinzutu [pints'udu] impiegu [impj'ɛgu] |
m
ine lime |
||
o est nasalisé | - quand il est suivi de m+consonne | ombra ['ɔ̃mbra] | ombre |
- quand il est suivi de gn | ogni ['ɔ̃ɲi] | oncle | |
- quand il est suivi de
n
![]() |
onda ['ɔ̃nda] onniscienza [ɔnniʃ'ɛ̃ntsa] |
onde |
|
u est nasalisé | - quand il est suivi de m+consonne | tumbà [tũmb'a] | poum |
- quand il est suivi de
gn |
pugnu [p'ũɲu] ugnunu [ũɲ'ũnu] |
rat
oune |
|
- quand il est suivi de
n |
sundà [sũnd'a] sunità [sũnid'a] |
moon (anglais !) |
Je me suis demandé comment se faisait-il que le corse connaisse la nasalisation alors que l'italien non. J'ai trouvé dans l'extrait que voici :
"Le corse présente, à des degrés et selon des modalités diverses (...) une nasalisation vocalique qui peut aboutir à la phonologisation de véritables voyelles nasales. La question a fait couler beaucoup d'encre : notées par Edmont et Gilliéron dans les relevés de l'ALF Corse, les voyelles nasalisées sont vivement contestées par les linguistes italiens qui y voient une marque de l'influence française, tant chez les informateurs que chez le transcripteur ; le débat s'enfle démesurément, attisé par les prétentions irrédentistes de l'Italie. L'aboutissement en est le renoncement d'Edmont et Gilliéron à la poursuite de leur entreprise de publication des fascicules d'Atlas Linguistique, et les études sur le corse sont dès lors menées strictement dans le cadre italien. Au-delà de l'anecdote et du débat, il est aujourd'hui établi avec certitude que le corse possède une nasalisation vocalique et que cette nasalisation n'a rien à voir, ni dans ses origines, ni dans ses modalités, avec la nasalisation du français."
On n'est guère plus avancé ... il manque à ce discours une information sur les preuves qui ont permis d'établir cette certitude. A creuser ...
En règle générale, en corse, deux voyelles consécutives se prononcent séparément, sauf dans les cas de diphtongue. La diphtongue fait entendre deux sons simultanément (comme en français dans pied), c'est-à-dire que la première voyelle s'efface en partie au profit de la seconde.
exemples du cas général : paura [pa'ura], Làura [l'aura], assai [ass'ai], oimè(=ohimè) [oim'ɛ].
exemples de diphtongues : fiera [fj'era], piattu [pj'attu]Voir Note sur la diphtongue .
En corse, les diphtongues commencent par i ou u.
ia | piattu [pj'attu] (assiette), fiascu [fj'asku] (échec) |
ie | fiera [fj'era] (foire), fieru [fj'eru] (fier) |
io | fiore [fj'ɔrɛ] (fleur) |
iu | fiume [fj'umɛ] (fleuve), piuma [pj'uma] (plume) |
gu | sangue [s'angwɛ] (sang), sanguinosu [sangwin'ɔzu] (ensanglanté) |
qu | acqua ['akwa] (eau), questu [kw'ɛstu] (celui-ci), acquosu [akw'ɔzu] (aqueux), quì [kɥ'i] (ici) |
Il y a des cas où la diphtongue ne joue pas :
Cas | Exempiu |
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Avec le i, si l'accent tonique est sur celui-ci | Bastìa [Bast'ia], merrìa [merr'ia] |
A la suite de certaines diphtongues de consonnes |
brionu [bri'ɔ̃nu], pàtria [p'adria], cria [kr'ia], |
criatura [kriad'ura], crianza [kri'ãntsa] | |
Dans certains cas particuliers | viaghju [bi'adju], viaghjà [biadj'a], tianu [ti'ãnu] |