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Pour être tout à fait honnête avec l'esprit de l'auteur, je restitue ici les trois textes qu'il a écrits afin de justifier sa propre écriture, et la note préliminaire. Il se trouve que ce qu'il appelle "italien modifié" est (à peu près) l'écriture moderne du corse et "corse véritable" l'ancienne, maintenant à peu près universellement abandonnée. La justification de ce que Jean Albertini appelle "Corse véritable" semble être de se rapprocher autant que possible des racines latines (et peut-être aussi de s'éloigner au maximum de l'italien !). Voici l'introduction donnée par l'auteur lui-même à ces textes. C'est assez instructif. On constate que la querelle a fait rage ! La forme d'écriture préconisée par l'auteur n'a pas été retenue !
J'ai toutefois ajouté au texte original quelques notes personnelles surlignées.
Note succincte sur l'écriture du corse |
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Le corse n'est pas un dialecte italien. C'est
un dialecte roman qui est souvent plus proche d'autres langues romanes, du portugais,
de l'espagnol, du monégasque, voire du catalan ou même du français
que de l'italien classique. 1 : "Le son dieu s'écrit gh, le son tieu s'écrit ch" a-t-on pu lire dans un organe corse de Paris désireux de diffuser quelques notions d'écriture du corse. (note de l'auteur) * |
* : dans ce cas en effet, une même graphie génère deux sons différents. Notez toutefois que cet état de fait existe en français. Voir à ce sujet Notions de linguistique, phonèmes, graphèmes . Cela dit, si on peut l'éviter au maximum, ce n'est que mieux !
A.- Les voyelles |
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(...) |
1 : en fait de nos jours aiutà.
B.- Les consonnes |
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Mais c'est dans la prononciation des consonnes que se marque la première
grande différence entre le corse et l'italien. |
1 : selon moi, un tel argument ne tient pas, sauf à être préalablement francophone. En vertu de quel principe le j définirait-il de manière universelle le son [ʒ] ? C'est vrai en français. Le son [ʃ] est rendu (en autre) en français par ch (cheval) et en italien par sci (scienza [ʃ'ɛntsa]) : chacun la sienne. Le son [ʒ] n'existe pas en italien, pourquoi le corse utiliserait plus le j (à la française donc) que sgi qui a une certaine logique ? Voir à ce sujet l'histoire de l'écriture du corse.
C.- Une différence essentielle entre corse et italien |
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Une règle absolue du corse est que tout ce qui, en italien, donne le
son traduit par cchi ([ki])
devient en corse le son tti. |
1 : en fait de nos jours vechju.
L'écriture vecchiu est en effet très
contestable (cch donne le son [k]
et non [tj]) et a d'ailleurs disparu.
Pour ce qui est des graphies trinaires ghj et chj
actuelles, je ne vois pas en vertu de quoi il ne serait pas possible de décréter
par convention qu'ils donnent respectivement les sons [dj]
et [tj]. Le français utilisent bien les graphies
binaires ph et ch pour traduire les sons
[f] et [ʃ]. L'écriture
n'est rien d'autre qu'un ensemble de conventions qui associent des graphies
à des sons ! L'italien utilise ch et gh
devant e ou i pour assurer les sons [k]
(chianti [kj'anti])
et [g] (ghitarra [git'ara])
là où le français ignorant l'italien lirait
[ʃj'anti] et [ʒit'ara].
2 : En fait de nos jours chjamà.
Même remarque qu'en note 1.
3 : C'est heureux puisque tel était le but
recherché et quasi avoué !
Textes comparés |
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ItalienUn giorno, eravamo andati a mangiare dalla nostra parente.
Verso la mezzanotte, come ce ne tornavamo, passando per il poggio che
marcava press'a poco la metà del nostro viaggio e come non sapevamo
più se fosse ancora oggi o già domani, il vecchio gallo,
che conoscevamo bene per averlo spesso scontrato di giorno, si mise a
cantare.
Italien modifiéUn ghjornu, ci n'èramu andati à manghjà ne a nostra parente. Voltu * mezanotte, cume no' ci ne riturnàvamu, passendu per u poghju chì mercava à pocu pressu a metà di u nostru viaghju è cume no' un sapìamu più s'ella era (fussi) sempre oghje o digià dumane, u vecchiu ** ghjallu chè no cunniscìamu bè per avellu spessu scontru di ghjornu, si messe à cantà. Remarque du Webmaestru
Corse véritableUn diornu (1), ci n'èramu andati à mandià (2) ne a nostra parente. Voltu mezanotte, cume no' ci ne riturnàvamu, passendu per u poddiu (3) chì mercava à pocu pressu a metà di u nostru viatiu (4) e cume no' un sapìamu più s'ella era (fussi) sempre hoddie (5) o digià dumane, u vettiu (6) diallu chè no cunniscìamu bè per avellu spessu scontru di diornu, si messe à cantà.
Prononciation figurée du corseundj'ɔrnu, ʧin'erãmu and'adi ammandj'a nɛ an'ostra bar'ɛntɛ. B'oltu medzan'ɔttɛ, k'umɛ nɔ djinɛ ridurn'awãmu, pass'ɛndu bɛrub'odju ki mɛrk'awa app'ɔgu br'essu am'eda di un'ostru wi'adju ɛ k'umɛ nɔ un sab'iãmubju sɛll'era z'ɛmprɛ 'odjɛ ɔ (d)'iʤa dum'ãnɛ, u w'etju j'allu gɛ nɔ gunniʃ'iãmu w'ɛ pɛraw'ɛllu sp'ɛssu sk'ɔntru (d)i j'ɔrnou, sim'ɛssɛ akkant'a |